Baie de Cancale, 8 décembre 2008, fin d'après-midi. Le ciel s'embrase et les appétits s'aiguisent!
Notre programme s’est assez vite dessiné. Il restait de la place au cours du lundi matin à l’Ecole de Cuisine Corsaire, et Grégoire se voyait bien taper des balles de golf à Dinard pendant que je « popotais ». Je prévoyais une visite à l’Entrepôt, la boutique d’épices, Nous pensions balade sur la plage et achat de douzaines d’huîtres à rapporter aux copains.
Tout s’est passé aussi bien que prévu, avec la bénédiction du soleil comme petit supplément de bonheur. Nous nous sommes aussi offert une balade dans la vieille ville de Saint-Malo puis dans le vent de la plage des Bes, et même une visite chez Jean-Yves Bordier où j’ai fait provision de beurre pour des semaines (vive le congélateur).
J’ai écrit ce billet dans le train du retour sur l’ordinateur de Grégoire, et je ne réalise toujours pas à quel point nous avons eu de la chance. Nous avions déjà dîné aux Maisons de Bricourt il y a maintenant 5 ans, et autant que le génie de la cuisine, nous avions apprécié la générosité et la simplicité de l’accueil. Cette fois-ci encore nous avons passé des moments merveilleux. Nous avons goûté à une cuisine inoubliable d’inventivité, de saveurs et de légèreté : le homard au vin de Xérès et au cacao, les Saint-Jacques au confit de coing, pour ne citer que deux plats– et mes préférés. A l’Ecole de Cuisine Corsaire, Emmanuel Tessier, ancien second, nous a expliqué avec passion comment sublimer un sorbet, choisir et doser les étoiles de badiane, et faire aimer la betterave aux plus récalcitrants… comme moi !
Nous avons discuté à bâtons rompus avec les équipes que nous avons rencontrées, dans les boutiques, au restaurant ou à l’école. Nous n’avons pas ou peu abordé avec elles le sujet de la fermeture du restaurant, suspectant leur tristesse, et voulant ainsi préserver la magie des rencontres et des échanges. Le sentiment que la famille Olivier Roellinger ne se laissera pas abattre par cette décision du chef est tenace. Une des choses qui nous a été dite est que chaque personne dont le poste était supprimé s’était vue proposer une alternative. Et cela ne m’a même pas surprise. Il n’y aura donc plus d’étoiles Michelin à Cancale*, mais d’autres resteront. Celles qui brillent dans les yeux des gens que nous avons rencontrés, avec la passion de leur métier et le goût du partage, et celles que nous emportons dans les nôtres, et qui brilleront longtemps à l’évocation de ce séjour, et à l’idée de revenir bientôt en pays malouin. Goûter à nouveau les épices, la mer et le vent...
*pour l’instant. A qui le tour ?
Toutes les adresses sur le site des Maisons de Bricourt